vendredi 25 novembre 2011

Rêve ou réalité ?

Andrée est retraitée. Elle constate que le gouvernement dilapide l’argent qu’il reçoit des impôts des contribuables, qu’il n’a, à peu près pas de contrôle sur les dépenses publiques, et qu’on paye plus cher au Québec pour la construction de nos routes, nos hôpitaux, nos écoles… que partout ailleurs au Canada.

Puis un matin, Andrée reçoit un avis de ce même gouvernement l’informant que son REER (régime enregistré d'épargne-retraite) qu’elle a mis de côté au fil des ans, ne lui appartient plus.

L’avis se lit comme suit :
 « Nous devons équilibrer notre budget, par conséquent votre REER a été versé dans le fonds consolidé de la province
afin de nous aider à boucler notre budget.
Merci et bonne journée ! »
Andrée est sous le choc, elle ne comprend pas. Elle a pourtant cotisé seule, année après année, à son régime de retraite. C’est son argent, ce sont ses économies pour sa retraite. C’est son REER, c’est à elle et à elle seule. Ses cotisations prises hebdomadairement à même son salaire, ont été déposées à la banque. Elles ont profité à l’abri de l’impôt, bien sûr, mais ses économies lui appartiennent.

Son gouvernement se permet de saisir son bien. Pourquoi? Il n’a pourtant pas cotisé à son fonds de retraite. Il n’a pas versé un seul sou, dans son REER. Alors pourquoi se permet-il de saisir son fonds de retraite?. Pourquoi se permet-il de lui voler son patrimoine? Andrée ne comprend toujours pas. J’ai rêvé, se dit-elle?

La réalité d’Andrée

Passons du rêve à la réalité d’Andrée. Cette dernière est une retraitée de l’enseignement. Elle a cotisé de 5 % à 8,08 % de son salaire, à son régime de retraite le Régime de retraite des enseignants (RRE), durant 35 ans. Contrairement à son rêve ses cotisations à son régime de retraite n’ont pas été déposées dans une banque mais dans le fonds consolidé de la province. Son fonds de retraite le RRE, c’est son REER. Cela faisait partie de ses conditions de travail. Elle a donc contribué monétairement à son fonds de retraite, contrairement à la croyance populaire.

La différence fondamentale entre le REER de son rêve et ses cotisations au RRE, réside dans le fait que ses cotisations à son régime de retraite n’ont pas généré de rendements . Ses cotisations n’ont pas été capitalisées et par surcroît ont été utilisées à d’autres fins : construction de routes, de CLSC, d’hôpitaux et autres dépenses gouvernementales…. On définissait cet apport d’argent des employés comme étant des fonds « pay as you go » c.-à-d. quand il y aura des retraités on les paiera avec l’argent des cotisations. Un jour, au gouvernement, on s’est rendu compte que les employés prendraient leur retraite et que les fonds ne seraient peut-être, pas là.

En 1982, nous avons eu un contexte économique très particulier avec une inflation de 12,3 % et des taux d’intérêts et hypothécaires supérieurs à 20 %. Panique, vous dites? On prévoyait un gouffre financier, l’apocalypse quoi… Même scénario qu’aujourd’hui. Le gouvernement a alors modifié, de façon unilatérale, les conditions de travail et ce, de manière très importante :


• coupures salariales de 20 %,

• gel des salaires et d’échelons de certains corps d’emploi ,

• désindexation des fonds de retraite…


tous et toutes y ont passé, y compris Andrée. Mais cette dernière cotisait toujours (obligatoirement) au fonds de retraite des enseignants (RRE).

Sa réalité d’aujourd’hui

Aujourd’hui, Andrée est retraitée. Elle voit sa rente de retraite désindexée après 35 ans de loyaux services. C’est ainsi, puisque toutes les années cotisées du 1er juillet 1982 au 31 décembre 1999 représentant 17,5 années, sont désindexées, soit la moitié de sa rente de retraite.

On appliquera donc, pour toutes les années à venir la formule imposée en 1982 : IPC – 3%. Elle constate donc avec une inquiétude grandissante, qu’elle subit une baisse constante et systématique de son pouvoir d’achat .

La campagne médiatique de Quebecor Médias vue par Andrée

Durant la semaine du 14 au 19 novembre 2011, Quebecor Medias a fait son analyse des fonds de retraite publics, une analyse pleine d’erreurs, d’omissions, de fausses vérités, d’exemples démagogiques, etc. Que d’âneries a-t-on véhiculées sur le dos de la fonction publique.

« Mentez, mentez il en restera toujours quelque chose » disait Voltaire.

On se serait cru en 1982, où nous avions assisté à une campagne de dénigrement de toute la fonction publique, à la seule différence que cette fois-ci, c’est un acteur du secteur privé, propriétaire d’une centaine de médias d’information, qui la fomente.

« Bilan alarmant des fonds de retraite », titrait l’un, « Les conditions des ex-employés du public sont garanties par l’État », titrait l’autre, « Des gras durs, avec des pensions dorées,» déclarait un autre. Et vogue la galère, des titres à engendrer une campagne de peur et de dénigrement envers les serviteurs de l’État.
Les gras durs parlons-en?
Le tableau ci-dessus, illustre la situation des retraités des secteurs public et parapublic au 31 décembre 2010. On constate que 97,7% de tous les retraités touchent une rente annuelle moyenne de 21 790 $. On constate également que les 186 923 retraités du RREGOP sont les parents pauvres du système avec une rente annuelle moyenne de 17 767 $, avouons que ce n’est pas le Pérou. C’est cela la réalité.

Andrée fait partie de la famille de ces 97,7% de retraités désindexés depuis 1982, qu’on qualifie injustement de gras durs. Ces données incontestables, ont été extraites du rapport annuel 2010 de la CARRA (pages 75 et 76).

Les questions à se poser :

• Les fonds de retraite seraient-ils dans un meilleur état si le gouvernement avait déposé sa part, annuellement dans les fonds de retraite ?

• Les retraités de l’état qui ont cotisé obligatoirement à leur régime de retraite, sont-ils les responsables de l’état des fonds de retraite?

• Si non, à qui la faute? Qui sont les réels vrais responsables?

• Les gouvernements provincial et municipaux, avec souvent la complicité des centrales syndicales, se sont donné des congés et des baisses de cotisations, privant ainsi les fonds de sommes importantes pour les générations futures de retraités. N’ont-ils pas une responsabilité sur l’état pitoyable de certains fonds de retraite?

• Pourquoi cette campagne de peur? À qui cela profite-t-il? Y aurait-il anguille sous roche?

• Les conditions de travail des employés de l’état sont-elles en béton et réellement garanties?

Dans ce dernier cas, parlez-en à tous ceux et celles qui ont été désindexés en 1982 et qui ressentent de jour en jour, les effets dévasteurs de l’érosion de leur pouvoir d’achat. Une situation qui perdure depuis bientôt 30 ans.
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ANNEXE

Les régimes de retraite en référence au tableau ci-haut mentionné


Régimes de retraite touchés par la désindexation de 1982

Le RREGOP (Régime de retraite des employés du gouvernement et des organismes publics).

Le RRPE (Régime de retraite du personnel d’encadrement).

Le RRE (Régime de retraite des enseignants)

Le RRF (Régime de retraite des fonctionnaires)

Le RRCE (Régime de retraite de certains enseignants)

Autres régimes administrés par la CARRA


Le RRMSQ (Régime de retraite des membres de la Sûreté du Québec)

Le RRAPSC (Régime de retraite des agents de la paix en services correctionnels)

Le RRMAN (Régime de retraite des membres de l’Assemblée nationale)

Les Régimes de retraite des juges

Le RREFQ (Régime de retraite des employés fédéraux intégrés dans une fonction auprès du gouvernement du Québec)


















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