Marcel Le Blanc |
Par
la présente, nous du Conseil d'administration de l’ADR (Association
démocratique des retraité-es) représentant (450 membres) désirons
joindre notre voix aux nombreux individus et groupes qui ont déjà signifié leur
accord au contenu et à l'objectif du projet de loi 21.
La
très grande majorité de nos membres ayant œuvré dans le secteur de l'éducation,
nous sommes particulièrement sensibles à un des éléments majeurs de ce projet
de loi, c'est-à-dire: l'interdiction du port de signes ou pièces de vêtements. à
caractère religieux, par les enseignants ou par les administrateurs, dans le
cadre de leurs fonctions éducatives.
Nous
sommes très bien placés pour témoigner de l'influence, même si parfois
inconsciente, que peuvent avoir les enseignants sur des élèves, de tous les
niveaux.
À
ce propos, il n'est pas interdit de penser que pour certains enseignants ou
enseignantes, le fait qu'ils (elles) ne puissent envisager exercer leur
profession sans porter de signes ostentatoires, nous amène à imaginer sinon à
conclure que nous sommes en face d'individus faisant intentionnellement ou non,
une lecture erronée de ce que doit être le rapport maître-élève. Le seul fait
d'afficher des symboles ou des attributs, influence, incite certainement
plusieurs élèves à des observations, des questionnements qui ne peuvent trouver
réponse, du moins dans l'immédiat. Cet aspect est aggravé par le fait que tous
leurs professeurs n'ont pas les mêmes comportements. Leur imagination fertile
faisant le reste la compréhension, les hypothèses peuvent partir dans toutes
les directions.
Ainsi,
même passivement, nous estimons que ce comportement individualiste, même passif
va à l'encontre du climat de neutralité devant présider à un contexte
d'apprentissage au sein d'un groupe.
Pour
ces « irréductibles », la concession par le législateur, d'inclure une clause
dite « grand-père » dans le projet de loi, devrait être perçu comme un
compromis très important à leur égard parce que rarement utilisé,
habituellement dans le contexte délicat des relations de travail. Ces derniers,
parfois sans le savoir, parfois même sciemment, ont pu ainsi profiter de
l'absence d'expression, d'affirmation, d'une véritable définition de la notion de
ce que doit être la « laïcité », dans le contexte québécois.
Face
à cela il n'est pas exagéré de conclure que nous étions ou que nous sommes à
l'occasion en présence d'une forme de « prosélytisme ». En effet, pour
plusieurs, il n'y a aucun mal à s'autoriser à afficher ses convictions et
croyances religieuses, et ce en permanence. Le problème, on le répète, est donc
à l'effet de s'afficher, dans un contexte d'autorité face à un auditoire «
captif » de jeunes constituant la population étudiante.
Ainsi
nous croyons qu'il est important de ne pas s'en tenir uniquement à la notion de
« représentants de l'état en situation de pouvoir » telle que suggérée par
Bouchard-Taylor. En effet, surtout dans les domaines judiciaires et policiers,
cet aspect de « pouvoir » s'exerce en grande partie à l'égard d'adultes, qui
pour la plupart d'entre eux, on l'espère du moins, possèdent un bagage
suffisant et des expériences de vie, qui les rendent aptes à faire les
distinctions qui s'imposent.
Pour
des personnes en bas âge, les futurs citoyens, que constituent nos étudiants,
ce ''filtre'' n'existe pas; il en est même au stade de se façonner. Vous voyez
donc là toute l'importance de maintenir dans ce projet de loi, les aspects
concernant justement le rôle de neutralité de l'enseignant, lorsqu'on fait
référence à: « représentants de l'État en situation d'autorité ».
Rares
sont ceux qui pourraient s'opposer à ce que l'on fasse en sorte que nos jeunes
reçoivent en toute objectivité en toute neutralité tous les enseignements
susceptibles de les former à devenir des citoyens responsables. Ils et elles
pourront ensuite faire des choix en toute connaissance de cause et surtout
c'est important, en jouissant de leur plus entière liberté.
On
a presque envie de citer notre Premier Ministre qui récemment il concluait un
bref exposé et disait : «...parce qu'ici au Québec, c'est comme ça que ça se
passe »!
Ainsi
nous tous, citoyens et citoyennes québécois, nous contribuerons à instaurer une
vraie « laïcité » et tout particulièrement là où ca commence, c'est à dire dans
le réseau de l'enseignement.
Marcel Le Blanc
Pour le Conseil d’administration de l’ADR