dimanche 21 février 2016

Au bord du gouffre

par Aline Couillard et Gaétan Morneau

Lors du colloque sur l’amélioration sur le Régime de rentes du Québec, en novembre 2015, Michel Lizée, professeur retraité de sciences économiques à l’UQAM a soutenu qu’une personne retraitée, pour maintenir son rythme de vie, a besoin d’une rente correspondant à environ 70 % de son salaire au moment où elle était au travail.
 
Au RREGOP, le calcul de la rente est fait sur le salaire moyen des cinq (5) meilleures années. C’est déjà un recul du niveau de vie.

S’ajoute à cela la désindexation de 1982 à 1999 à l’IPC-3% (TAIR)[1]. C’est la dégradation désastreuse du rythme de vie pour les retraités concernés. Cette désindexation perdure depuis quelque 34 ans. Les effets ne s’arrêteront pas sauf si le gouvernement intervient concrètement.

 
Un exemple : la rente d’une personne retraitée, après 35 ans de service et 17 ans de retraite,  ne vaut plus que 55 % de sa valeur. Et ce n’est pas fini.

 
C’est cela ne pas suivre le coût de la vie et c’est cela la bassesse de s’appauvrir.

 
Y aura-t-il un élu à l’Assemblée nationale qui saura réagir avant qu’il ne soit trop tard pour nous?

Aline Couillard, retraitée
Saint-Hyacinthe
alinec@cgocable.ca

Gaétan Morneau, retraité
Boucherville

21 février 2016

 



[1] TAIR : taux d’augmentation de l’indice des rentes

Les nouveaux (nouvelles) et futur(e)s retraité(e)s vont frapper un mur de front à cause de leur propre apathie et des « lavettes »


Mise en garde de l’ADR aux retraités :

L’Association Démocratique des Retraités (ADR) a commencé à mettre les retraité(e)s en garde contre leur appauvrissement progressif et programmé, dès le premier numéro de son journal, Le Démocrate à la retraite. En février 2007, l’ADR informait les retraité(e)s de la moyenne des rentes payées par le RREGOP, qui n’était que de 14 395 $ en 2005, selon la CARRA.

Dans les numéros suivants, l’ADR a démontré de façon éloquente comment les retraité(e)s et futur(e)s retraité(e)s s’étaient fait flouer en 1982 et dans les années subséquentes, et comment il était possible pour le gouvernement du Québec d’indexer pleinement les rentes de retraite des secteurs publics, surtout les rentes du RREGOP.

Scandale oublié à la Caisse de dépôt et placement du Québec ?

Et puis, l’ADR a dénoncé la disparition mystérieuse des 40 000 000 000 $ (40 G$) à la Caisse de dépôt et placement du Québec (CDPQ) en 2008 et a questionné les représentants politiques sans obtenir de réponse valable et souvent pas de réponse du tout ! L’ADR a demandé à maintes reprises une enquête publique sur la gestion et les pertes de la CDPQ. Mais, aucun des gouvernements du Parti Libéral et du Parti Québécois n’a daigné l’écouter.

Campagne sur les « gras dur » !

Enfin, il y a eu une immense campagne de désinformation envers les retraité(e)s pour les faire passer comme des « gras dur » aux yeux de la population. Dans quel but ? La personne qui était à la tête du groupe des médias les plus agressifs envers les retraités est maintenant le chef de l’opposition officielle à l’Assemblée nationale... Dans la réalité, les rentes de retraite ne sont pas payées par les travailleurs du privé. Elles doivent s’autofinancer avec les cotisations de chaque employé et de l’employeur, et les rendements obtenus par la CDPQ. Le gouvernement paie des actuaires du privé à très gros prix pour s’en assurer.

Indexation, calme plat depuis 1982 ?

En résumé, rien n’a bougé depuis 1982, si ce n’est qu’une très mince indexation pour les années de service accumulées après l’an 2000, plus des lois pour rendre la pleine indexation encore moins possible. Souvent la position des dirigeants des syndicats des secteurs publics envers les retraités a été négative pour des raisons obscures. De plus, certaines grandes associations de retraité(e)s n’ont pas accordé toute l’importance nécessaire à ce dossier pourtant prioritaire afin de réduire l’appauvrissement des aînés.

Principales causes de ces non-résultats ?

Pourquoi cette absence de résultat ? J’ose écrire que c’est surtout à cause de l’apathie de la grande majorité des retraité(e)s eux-mêmes, et surtout des nouveaux (nouvelles) et futur(e)s retraité(e)s qui ne se préoccupent pas du tout de leur avenir. Le Gouvernement le sait bien et il en profite à plein.

En plus, depuis 1982, il y a eu un manque de respect flagrant des politiciens envers les anciens serviteurs de l’État. Même si certains politiciens ont déjà comparé les décisions du gouvernement à un « hold-up », aucun politicien n’a eu le courage d’entreprendre un processus de correction. Nos ancêtres avaient un terme pour désigner ce genre de politiciens sans courage : « des lavettes ». Dans les faits, la majorité des politiciens ne connaît rien du dossier des régimes de retraite ou le connaît très mal et souvent avec beaucoup de préjugés.

Un mur financier attend les nouveaux retraités(e)s !

Les nouveaux (nouvelles) et futur(e)s retraité(e)s, si vous ne le savez pas déjà, après 10 ans, 15 ans de retraite et plus, vous allez frapper un mur solide, car vos revenus de retraite seront amputés annuellement de quelques milliers de dollars en augmentant avec l’âge comme un calcul d’intérêt composé. Ces montants seront multipliés par deux si les deux membres du même ménage sont retraités tous les deux des services publics. Durant ce temps, les coûts des services de santé et de l’hébergement vont avoir augmenté de façon exponentielle, mais l’ensemble de vos revenus n’aura pas suivi les hausses du coût de la vie. À titre d’exemple, un couple dans un CHSLD privé à Québec doit payer 5 000 $ par mois chacun, soit 120 000 $ par année, ce qui fera un beau total de 1 120 000 $ sur 10 ans. C’est peut-être un centre haut de gamme, mais l’ensemble de ces établissements ont tendance à toujours ajuster leurs prix sur les plus hauts et jamais sur les plus bas... Les nouveaux (nouvelles) et futur(e)s retraité(e)s doivent s’attendre à manquer de ressources lorsqu’ils arriveront à cette étape de leur vie parce que leurs revenus principaux provenant de leurs rentes de retraite (ou pensions) n’auront jamais été indexés au plein taux en fonction de la hausse du coût de la vie depuis le début de leur retraite.

 Rémi Beaulieu, retraité
21 février 2016

lundi 1 février 2016

Les régimes de retraite des secteurs public et parapublic: réalité ou fiction ?

Quelle était la situation des retraité(e)s du RREGOP  au 31 décembre 2011 ?
Quelle était leur rente annuelle moyenne?
Qu’ont-ils-elles reçu depuis, pour leur rente de retraite?

Ø 196 453 retraité(e)s du RREGOP : 
    rente annuelle moyenne = 16 647 $/an

Ø 121 122 retraité(e)s du RREGOP ayant 65 ans et plus :
    rente annuelle moyenne = 10 791 $/an (62% de tous les retraité(e)s du RREGOP) 

Ø   86 440 retraitées du RREGOP  ayant 65 ans et plus :
           rente annuelle moyenne =  9 990 $ /an (72% des retraité(e)s de 65 ans et  plus)

 Source : CARRA - Évaluation actuarielle du RREGOP 2011 - Tableau 4 page 11 (dernière évaluation actuarielle disponible)
 
Les retraité(e)s du RREGOP n’ont reçu aucune augmentation depuis le 2005, pour les années travaillées et cotisées de 1982 à 1999 inclusivement. Pourquoi? Parce que l'IPC (TAIR) a depuis été inférieur à 3%. Il en est de même pour tous les retraité(e)s touché(e)s par la désindexation de leur rente de  retraite : RRE, RRF, RRCE et RRPE.

Ils-elles ont toutefois obtenu plusieurs augmentations de coûts:  loyer, essence, nourriture, tarification de toutes sortes, impôts, taxes, etc. et on leur annonce, pour 2016, une augmentation du panier d’épicerie de 3,7 %. 

 Nous voulons rappeler que même si la désindexation a été décrétée il y a quelque 34 ans, les effets sont toujours présents, de plus en plus dévastateurs et que seule une intervention du gouvernement  peut les stopper.

Retraité(e)s :

Ø  Sortons de notre apathie et agissons.

Ø  Un premier geste: partager largement cette information.

Gaétan Morneau, retraité
Twitter :   @morneaug
 


 

Note:

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