Consultations et constats
Une première consultation sur la
réforme de la loi sur les organismes sans but lucratif (OSBL) a eu lieu en
2004, suivi d'une seconde en 2009. On
dénombrait alors au Québec 52 000 OSBL. Ces organismes généraient un
chiffre d'affaires de 12 milliards de dollars (G$) et employaient 350 000
personnes. Les bénévoles œuvrant au sein de ces organismes ont fait en 2008
plus de 550 millions d'heures de bénévolat. Pour cette seule année il s'est versé 800 millions de dollars en dons
au Québec. Aux 52 000 OSBL s'ajoutaient 20 000 œuvres ou fondations
de toutes sortes.
Cette loi archaïque qui existe
depuis 1920[2] n'a subi aucune
modification significative depuis. Les gouvernements se sont succédé et rien
n'a été concrétisé. On ne touche pas à cela. Trop explosif, semble-t-il? On n'ose
pas, pourquoi? Il est surtout étonnant qu'on ne se préoccupe pas plus de
la bonne gouvernance de ce secteur d'activités. Après tous les milliards de $
de chiffres d'affaires, les centaines de milliers employés qui y travaillent,
les millions en dons, tout cela ne semble pas ébranler ou préoccuper nos élus
et cela depuis près d'un siècle.
Des abus de toutes sortes
Certains conseils d'administration
des OBNL ignorent les décisions de leur
assemblée générale des membres ou les modifient ou les annulent à leur
convenance.
Ces CA ont-ils droit de vie ou de
mort sur les membres? À voir certains agissements, on serait porté à le croire.
On n'hésite pas à pratiquer des méthodes douteuses: l'exclusion de membres sans
justifications et motifs valables, aucun droit à la dissidence, intimidation et
chantage, adoption de règlements rétroactifs pour invalider l’élection
antérieure d'administrateurs jugés gênants. On bafoue allègrement la règle
fondamentale de droit de l'«audi alteram
partem».
Posons-nous la question? Une
association a-t-elle le droit légal ou moral de faire perdre les assurances maladie
– vie – voyage - ou auto/habitation à un membre qui a payé pour ces avantages
durant sa carrière et durant sa retraite, en l’excluant de ses rangs, pour
divergence de pensée ?
Que dire des règlements qui
autorisent des dépenses telles que : le
remboursement des frais de déplacements et repas les conjoints ou conjointes,
paiements de boissons et de cadeaux, de
déplacements en avion en première classe, etc. Tout cela est payé avec l'argent
des membres. Tout cela est légal mais, est-ce moralement acceptable?
Que dire de la proximité et des
relations incestueuses qu'entretiennent des compagnies d'assurances avec
certains OBNL? À titre d'exemple: que dire
des généreuses ristournes versées à des associations de retraités, des
somptueuses réceptions, des cadeaux aux administrateurs payés par ces mêmes
compagnies? Les membres en ont-ils pour leur argent? Poser la question, c'est
sans doute y répondre, car on ne va jamais en soumission publique pour s'en
assurer.
Les fondations
Le 18 février dernier, «le Journal de Montréal» titrait : « Un demi-million
$ pour diriger la Fondation
de l'Hôpital général de Montréal ». Le 8
mars le journal «les Affaires» présentait un tableau des 100 plus importantes
fondations publiques[3]. «Quel
pourcentage des dons va à la cause?» coiffait l'article de Dominique
Froment. On se pose souvent cette
question lorsqu'on fait un don à un organisme de charité. L'argent va-t-il
réellement où il devrait aller? Le ratio dons/dépenses est-il acceptable une
fois les frais de gestion déduits? Quels sont effectivement ces frais de
gestion? Il est particulièrement étonnant de constater les salaires faramineux
payés aux PDG de certaines de ces fondations. C'est dans plusieurs cas,
totalement scandaleux.
Cette étude ne concernait que les fondations publiques. Qu'en est-il des
fondations privées? Hélas! ce n'est là que la pointe de l'iceberg! La
philanthropie à son meilleur quoi!
Il y aurait là, me semble-t-il,
l'objet d'une seconde enquête Charbonneau dont le mandat devrait couvrir à la
fois les règles de fonctionnement et la gestion des OBNL et des fondations tant
publiques que privées.
Conclusion
Le Québec est super endetté et tente
par tous les moyens de récupérer l'argent déposé dans les paradis fiscaux, le
travail au noir et l'évasion fiscale... Pourtant des milliards de dollars sont
là sous notre nez, sans surveillance et la plupart du temps sans contrôle.
Un meilleur encadrement de tous ces
organismes est requis, une nouvelle loi s'impose afin d'enrayer les abus d'administrateurs
véreux et sans scrupules.
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Notes explicatives: [1] OSBL Organismes sans but lucratif est connu aujourd'hui sous le vocable Organisme à but non lucratif OBNL.
[2] La loi i.e. la partie III des cies existe depuis le 14 fév. 1920. La
loi partie III du Québec est un calque
de la loi partie II des cies du fédéral. La référence dans l'interprétation de
cette loi est en grande partie basée sur les écrits de Me Maurice Martel.
[3] Journal les Affaires 8 mars
2014 par Dominique Froment
1 commentaire:
Bonnes questions, mais y a-t-il des propositions de réformes écrites sur les questions que soulève votre article?
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