Les
retraités ont été et sont encore des « laissés pour compte ». Ils ont investi
beaucoup. Ils ont investi pour le Québec, pour la génération qui les a
précédés, pour la génération qui les suit, pour leur retraite, pour leur propre
vieillesse. Ils ont trimé dur. Ils ont bâti.
Quand la
désindexation de leur rente de retraite a été décrétée en 1982, ils ont crié
gare à l’injustice. Le gouvernement ne les a pas écoutés. Par leurs investissements, ils ont accumulé des surplus imposants dans leurs fonds de
retraite. Syndicats et gouvernements en ont fait table rase. À coup de
privation, ils ont rempli un bas de laine pour leurs vieux jours, ils l’ont confié
à la Caisse de dépôt et placement du Québec. On le leur a vidé de tous les
surplus accumulés.
Quand ils
démontrent clairement aux élus de l’Assemblée nationale la perte vertigineuse
de leur pouvoir d’achat, ils récoltent un sourire complaisant, mais aucun geste
tangible.
Ils sont
laissés pour compte.
Comme si ce
n’était pas assez, voilà maintenant qu’ils sont coupables. Les retraités sont
coupables de bénéficier d’une rente de retraite pour laquelle ils ont payé
durant toute leur carrière.
Pour Stéphanie
Grammond, journal La Presse du 13 novembre 2013, en page 4, ils roulent en
Cadillac avec des lunettes roses, alors que la rente annuelle moyenne des 209
628 retraités du RREGOP est de 18 745 $, désindexée de l’IPC – 3 %. Ne
roulent-ils pas plutôt en Lada avec des lunettes fumées pour ne pas être
éblouis par les augmentations de coûts? Il ne faut surtout pas confondre
les retraités des hautes directions du gouvernement avec la grande masse des
retraités ordinaires provenant des services publics aux citoyens.
Les
retraités sont coupables d’iniquité intergénérationnelle. Selon Martine
Desjardins, Le Journal de Montréal, 12 novembre 2013, page 28, un regroupement
de jeunes va demander un véritable échange intergénérationnel. C’est plus facile
de taper sur les retraités que de travailler à construire un héritage valable à
laisser à la génération qui la suivra.
Quand
Martine Desjardins dit : « l’équité intergénérationnelle, oui, mais pas juste
dans un sens ».
Les retraités ajoutent : « pas seulement quand ça vous
avantage. »
Les
retraités paient pour l’éducation dont les jeunes bénéficient, alors que
plusieurs d’entre eux ont dû se retirer des études supérieures, faute de moyens
financiers. Les retraités paient pour les équipements sportifs qu’ils
n’utilisent pas. Les retraités paient pour les soins pédiatriques, pour les
soins obstétriques, pour les soins dentaires aux enfants, pour les garderies à
7 $, pour le transport scolaire, pour le crédit d’impôt pour enfant, etc.
Pour
Mesdames Grammond et Desjardins et pour tous les autres qui comme elles, crient
au loup à propos des régimes de retraite, découvrir les véritables causes des
déficits est un devoir. Insérer les régimes de retraite dans l’ensemble des
mesures sociales fait aussi partie de l’équité.
Retraités,
ne plaidons pas coupables. Tous ensemble, debout! Le temps des laissés pour
compte a assez duré.
Aline
Couillard
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